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Colloque international

20-21 octobre 2022
Université Paris 8 et Campus Condorcet

Mutation des collectifs : le cachalot, en meute et en famille, de Jules Vernes à François Sarano
Denis Bertrand  1  
1 : GASP8-GPS
Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis

« L'humain est un superprédateur, diurne et omnivore, qui vit dans des sociétés complexes » écrit E. Pouydebat dans L'intelligence animale (Odile Jacob, 2017). Un des traits de cette complexité est, entre autres, la capacité métasémiotique de ce primate : il représente, décrit, raconte, analyse, formalise sa propre complexité ainsi que celle des collectifs d'autres espèces. On interrogera ce regard « méta- », alternativement fictionnel et scientifique, caractérisé par une variabilité générique et axiologique considérable. On prendra appui pour cela sur deux saisies des collectifs de cachalots : celle de Jules Verne, dans Vingt mille lieues sous les mers (1869), qui les représente en meute dévoratrice (« Pas de pitié pour ces féroces cétacés. Ils ne sont que bouche et dents », p. 458) ; et celle de François Sarano qui, dans Le retour de Moby Dick (Actes Sud, 2017) en représente la société matriarcale harmonieuse, structurée autour d'un noyau familial protecteur et dotée d'un langage permettant de communiquer à longue distance.

Cette mutation discursive de la représentation des collectifs ouvre de multiples perspectives analytiques : celle du statut du langage avec l'incorporation de l'anthropomorphisme au cœur du sémantique, celle de l'illusion figurative qu'elle entraîne inévitablement, et celle de la mutation des collectifs en eux-mêmes. On conclura sur le concept de « forme de vie » et sur son émergence au sein de la sémiotique greimassienne : sa définition en effet, et sa promotion, se fondaient sur une mutation des collectifs humains, dans leur quête de nouvelles métaphores pour se sentir « bien ensemble ».


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