Dans son Dependant Rational Animals, l'éthicien écossais Alasdair MacIntyre rapproche la sociabilité des humains avec celle des autres animaux intelligents, en s'intéressant notamment aux comportement des dauphins pour en tirer des conclusions stimulantes sur notre vie en communauté et notre rapport à ceux qu'on a l'habitude d'appeler handicapés. MacIntyre confesse en effet une erreur fondamentale lors de ses recherches antérieures où il soutenait qu'une éthique indépendante de la biologie est possible. En réaction, l'entreprise du nouvel ouvrage vise une éthique fondée sur la biologie humaine. MacIntyre présente un compte rendu de la condition humaine dans lequel l'accent est mis sur la fragilité et la dépendance des « animaux humains » - aspects dont il souligne à quel point ils ont été passés sous silence dans la philosophie occidentale. L'objet de cette présentation est de mesurer la recevabilité et les enjeux d'une telle démarche, qui semble renouveler en profondeur les fondements de notre métaphysique des mœurs. Si l'œuvre majeure de MacIntyre, After Virtue, était une recherche dans le domaine méta-éthique, on peut considérer Dependant Rational Animals comme une tentative de redéfinir l'aspect normatif de l'éthique. En s'appuyant sur ses intuitions, on s'efforcera de montrer comment le développement des humains en agents rationnels indépendants doit renouer avec leurs bases animalières, posant ainsi les jalons d'une éthique de la vulnérabilité et de l'interdépendance.