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Dans la double dynamique des travaux portant sur l'analyse du discours numérique et la culture participative numérique, l'objectif de cette communication consiste à analyser les différentes mises en récit des relations tissées entre l'homme et son chat sur les réseaux socionumériques.

Le chat, en tant que star du web, est un véritable objet culturel qui mérite notre attention. La publication d'un chat dans l'environnement privé de « son humain » est une forme d'habitude qui s'intensifie sur les réseaux. L'intérêt est de mettre en évidence les caractéristiques sémiodiscursives de ces habitudes de masse, qui permettent de parler de son chat ou de soi à travers son chat. Comment les internautes s'approprient-ils l'image de leur chat pour construire leur discours ? La dimension énonciative est centrale dans cette perspective de présentation de soi dans le discours (aussi bien au niveau du texte que de l'image). Et elle est à interroger au niveau des usages interactifs et participatifs des réseaux. En effet, les individualités des internautes accompagnés de leur chat se fondent dans un ethos collectif. C'est pourquoi, la notion de « praxis énonciative » semble être utile pour éclairer la dimension sociale dans la production et l'interprétation du sens. Deux axes principaux caractérisent ce dynamisme énonciatif, qui reposent tous deux sur le principe d'« extimité » : d'une part, l'« humain » représenté est au cœur de l'énonciation ; et d'autre part, l'énonciateur s'exprime à travers son chat ― cette forme de personnification est très courante pour parler de soi grâce à la fiction et à l'humour.

La proposition de communication s'intègre dans un projet de recherche portant sur les chats en général sur les réseaux socionumériques. Un corpus de 4 000 publications a été construit à partir de Twitter, Instagram et TikTok à des fins comparatives. Pour ce colloque, nous nous concentrons sur la problématique de l'ethos à partir des publications contenant des indices énonciatifs de personne (image ou texte).

Indications bibliographiques
Amossy Ruth et Orkibi Eithan (dirs), Ethos collectif et identités sociales, Paris, Classiques Garnier.
Boujot Corinnne, et Casilli Antonio. 2002, « Interfaces bestiales : rôle et place des animaux dans l'imaginaire des mondes virtuels », Espaces et sociétés, 110-111/3, 2002, pp. 59-86. DOI : https://doi.org/10.3917/esp.g2002.110-111.0059.
Boursier Axel, 2021, Notice « Hypernarrativité », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Accès : http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/hypernarrativite.
Bertrand Denis, 2021, « Praxis énonciative, habitude et résistance au changement », Actes Sémiotiques [En ligne], 124. DOI : https://doi.org/10.25965/as.6727.
Hachette Pauline, 2021, « Des espaces émotionnels cathartiques pour nos vies affectives », Socio-anthropologie, 44, DOI : https://doi.org/10.4000/socio-anthropologie.10575.
Jenkins Henry, 2013, trad. [2006], La Culture de la convergence : des médias au transmédia, Paris, Armand Colin.
Paissa Paola et Koren Roselyne (dirs), 2020, Du singulier au collectif : construction(s) discursive(s) de l'identité collective dans les débats publics, Limoges, Éditions Lambert-Lucas.
Paveau Marie-Anne, 2017, L'analyse du discours numérique. Dictionnaire des formes et des pratiques, Paris, Hermann.
Saemmer Alexandra, 2015, Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques, Villeurbanne, Presses de l'Enssib.
Simon Justine, (dir.), 2018, Le discours hypertextualisé : espace énonciatifs mosaïques, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté.
Tisseron Serge (dir), 2011, « Intimité et extimité », Communications, 88, pp. 83-91. DOI : https://doi.org/10.3406/comm.2011.2588.
Wagener Albin, 2016, « Prédiscours, interdiscours et postdiscours : analyse critique de la circulation des possibles discursifs », Revue de Sémantique et Pragmatique [En ligne], 39. DOI : https://doi.org/10.4000/rsp.422.

Courte notice biographique
Magali Bigey et Justine Simon sont toutes deux docteures en Sciences du langage, Maîtres de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université de Franche-Comté (France) et chercheures au Laboratoire Éditions, Langages, Littératures, Informatique, Arts, Didactiques, Discours (ÉLLIADD, UR 4661). Elles se penchent depuis plusieurs années sur les usages des réseaux socionumériques en adoptant une approche pluridisciplinaire et complémentaire alliant analyse du discours, linguistique de corpus et étude de réception. Elles ont participé dès 2014 à un projet de recherche important interrogeant la circulation de l'information d'actualité sur les réseaux socionumériques (Projet ANR Info-RSN) et développent depuis trois ans une étude de réception comparative d'infox par l'image. Elles sont à l'origine d'un récent projet portant sur la viralité des publications de chats et autres chatons mignons (2021-auj.). Elles sont toutes les deux soucieuses de l'apport réciproque entre enseignement et recherche ainsi que de la vulgarisation de travaux scientifiques auprès de large(s) public(s).